80km du Mont Blanc - Le CR de Florent
Parce que 80km au Mont Blanc ça laisse des souvenirs inoubliables, Florent a bien voulu nous les partager.
Un super Compte rendu pour se projeter dans l'aventure.
2h10 le réveil sonne. 2h de sommeil dans les jambes (un peu de nervosité?). Bastien, Alexandre notre voisin, Julien un pote à Bastien et moi-même nous nous rendons donc à Chamonix pour prendre le départ de ce 80km du Mont-Blanc (85 d'après l'organisation).
4h00, on lâche les chevaux dans les rues de Cham', 2,5km de bitumes avant d'attaquer la plus longue des ascensions de la journée vers Le Brévent (Alt.2461m). Tout le monde se tient à la queuleuleu dans cette montée qui nous offre un superbe panorama sur le lever de soleil sur le Mont-Blanc.
Avec Bastien nous faisons la course ensemble comme prévu, Alexandre se trouve à proximité.
La descente vers Planpraz puis La Flégère nous permet de dérouler les jambes et de retrouver une partie des chemins du Marathon du Mont-Blanc couru l'année dernière.
Cette partie présente différentes petites montées et descentes avant Tête aux Vents (une des portions la plus "roulante" du circuit) où nous croisons de jeunes bouquetins vraiment pas farouches. Les jambes répondent super bien, et nous prenons tout les 3 (Bastien, Alexandre et moi) un bon rythme dans la descente vers le Buet qui nous permet de doubler pas mal monde. La montée vers Loriaz (alt.2020m) puis la descente vers le Mollard se passent également super bien. C'est vraiment un plaisir de courir dans ces conditions, le soleil est caché par quelques nuages (ce qui nous évitera des coups de chaud), les jambes sont dans un bon jour !
Sauf que l'on se rend compte que l'on va partir pour plus de kilomètres car à chaque point de passage on a toujours plus de kilomètres que ceux annoncés par l'organisation. Le compteur kilométrique va être plus élevé que prévu.
On fait le plein d'eau aux fontaines du Molard avant d'attaquer la montée du barrage d'Emosson (alt.1962m). La partie la plus dur à gérer pour nous 3, et pas que. Bon nombre de coureurs ont dû abandonner à ce stade de la course. La montée est abrupte et dans les rochers. Heureusement que les ruisseaux étaient présent pour se rafraîchir et surtout que le soleil se soit caché derrière les nuages (sinon je n'imagine pas le calvaire sur cette portion).
Le ravito au barrage est vraiment le bienvenue pour se refaire la cerise !
Une vérification du matériel obligatoire par l'organisation et on enchaine sur la descente vers le Châtelard où nos supporters nous attendent ! D'après Nicky, on serait 45min "en retard" par rapport à notre prévisionnel.
Une pause pour refaire le plein en nourriture et en motivation. Il nous reste environ la moitié en distance à effectuer, et encore 2 grosses patates.
Pour la première patate, direction la tête de l'Arolette (alt.2333m). On est reparti sur un bon rythme en continuant de reprendre des concurrents, Alexandre a un petit coup de pompe jusqu'au point d'eau des Jeurs. De là, on a enclenché le régulateur jusqu'au sommet, un vrai bonheur d'avancer comme cela sans accrocs. Petite photo de groupe au sommet et on enclenche notre rythme de descente habituel qui nous permet d'encore et toujours rattraper du monde ! Petite alerte crampe pour Bastien dans le bas de la descente qui nous fait lever le pied (il nous reste encore environ 30km).
Nous arrivons au ravitaillement du Tour où nous retrouvons une nouvelle fois nos supporters bretons. On a même reprit notre retard sur notre prévisionnel. Recharge en eau et nourriture, petite pause...mais qui durera plus longtemps que prévu. En effet, depuis la fin de l'ascension vers la tête de l'Arolette je sentais quelques petites gènes pour boire et manger mais sans rien de très handicapants (je pensais à une lassitude de la nourriture et de la boisson). Toujours est il qu'au moment de repartir, l'estomac a fait un tour complet dans le mauvais sens et s'est fait sa propre vidange. Sur le moment ça m'a fait du bien, après les petites gènes que j'avais depuis quelques temps. L'entourage d'Alexandre me donne un médoc contre les vomissements, on se décide à repartir et ... rebelote 20m plus loin. L'estomac n'est pas en état, ça sent vraiment mauvais pour continuer et terminer la course. Surtout quand Alexandre, qui est médecin urgentiste, me dit que ma tension est vraiment basse. Mentalement je prend une grosse claque surtout au vu de la superbe forme affichée depuis le début. Je laisse partir Bastien et Alexandre pour ne pas qu'ils ne perdent trop de temps à attendre une utopique reprise de ma part. Même moi je ne me fais pas d'illusions, je ne me vois pas continuer dans cet état encore 25km avec un passage à la Mer de Glace à 2000m en pleine nuit. Sur les conseils d'Alexandre je laisse passer 1/2h avant de prendre une décision. Je me lève, marche un peu en direction du poste de ravitaillement cherchant un médecin pour me conforter dans mon choix (je me sens mieux mais n'est pas certains que ma tension soit suffisamment remontée). N'ayant pas de médecin sur ce poste, je reprend mon sac et bâtons et donne rendez-vous au Bois à Nicky. Je me lance donc dans la descente pour refaire mon retard (1h30 coincé là c'est long). Les jambes sont en pleines formes, le ventre à l'air de tenir le choc et accepte doucement les pompotes (c'est déjà pas mal). Je n'es pas l'impression d'avoir 70 bornes dans les guibolles ! J'ai le couteaux entre les dents. À la fois heureux que mon corps m'autorise à reprendre la course et à la fois un peu déçu d'avoir perdu autant de temps. Peu importe, l'objectif principal était de terminer et ça sera la cas, même si le temps de course ne sera pas celui espéré.
Bastien et Alexandre, qui ne pensaient plus me voir à la vue de mon état 1h auparavant, m'auront à peine attendu au ravitaillement vu le rythme que je me suis imposé sur ces 10km.
Un second check-up du matériel obligatoire par l'organisation, 2 bols de soupe dans le gosier avant d'entamer la dernière ascension de cette journée en direction de la Mer de Glace (Montenvers : Alt.1900m) et le refuge du plan de l'aiguille (alt.2178m). La nuit commence à pointer le bout de son nez, la frontale est de sortie, 14h après l'avoir rangée. Le décor change après une journée passée sous un beau soleil, on n'aura donc pas la chance d'apercevoir la Mer de Glace. La montée est plus longue que prévu. Après une ascension assez rocailleuse, nous arrivons au dernier ravitaillement complet à Montenvers. Théoriquement, il nous reste 5km et 200m D+ puis 5km de descente et 1000m D- avant d'arriver à Cham' (en théorie).
On enchaine les portions de montées et descentes, plus ou moins aériennes. On peut apercevoir Chamonix, 1000m en contre-bas vêtu de sa tunique nocturne. Nous arrivons enfin au bout de la dernière ascension, au refuge du plan de l'aiguille (alt.2178m). Un pipi, un coca et ça repart pour rejoindre Cham' 1100m plus bas. En théorie il nous reste 5km avant d'arriver, mais ça reste théorique. On emmanche la descente sur le même rythme que les précédentes avant que je m'étale dans le 1er tier et que Bastien ne m'imite 5min plus tard. On décide donc de lever le pied et de rentrer tranquillement et en état. De toute manière, le podium n'est plus trop envisageable (Xavier Thévenard est déjà arrivé depuis 10h...). Une dernière descente interminable (je crois avoir entendu Bastien jurer plusieurs fois sur cette foutu idée de courir 80km ici).
Nous arrivons enfin à Cham', une portion de plat goudronnée : on ne croyait plus que ça existait dans le secteur. Il est 1h30 du mat', on croise les fêtards Chamoniards un peu "fatigués" (certainement une fatigue différente de la notre).
Nous voici enfin arrivé à Cham' 21h et 46min après y être parti.
Une arrivée tout les 3 avec Bastien et Alexandre. Une belle aventure ensemble où on aura pu s'entraider dans nos moments forts et "moins fort".
Merci à vous 2 d'avoir partagé cette journée ensemble. Merci à mon amour Nicky de m'avoir accompagné sur ce défi et de m'avoir "supporté" pendant ma préparation qui s'est avérée payante malgré la naissance d'Ilan qui n'a pas facilité cette dernière (je saurais lui raconter la première course où il a pu venir supporter son papa). Merci à Romain, Maëva et Lilouan d'avoir fait parti de nos supporters sur le bord du chemins.
Merci à tous ceux qui ont pu nous suivre, envoyer des encouragements, félicitations ou juste pensé à nous.
Que la montagne est belle 🎶 mais elle se mérite ! Ça en valait la peine !